Il y a tellement de choses que je ne peux vous montrer et vous raconter… Derrière votre ordinateur, vous pensez peut-être que la vie à la ferme est un long fleuve tranquille. Mais, il y a beaucoup de choses ici qui ne supportent pas l’appareil photo, la vidéo ou la narration tout simplement.
Tous les moments de prière par exemple. Les échanges et discussions autour de la Bible. J’y reviendrais, avec plus de temps, pour essayer d’expliquer cette spiritualité, qui est vraiment partout, dans chaque acte, mouvement, chaque réflexion.
Mais ce qui est encore plus difficile à montrer, c’est le dur labeur et le rythme intensif. Certes, il y a des moments de break, de lecture, d’ordinateur, mais les efforts sous le cagnard, les heures de cuisine, les courses dans les champs pour attraper veaux et poules, c’est un entraînement de sportif de haut niveau.
Hier, pour exemple fut une journée intensive. Heureusement le temps était de la partie. Pluie fine le matin. Lever à 6 h comme chaque matin, avec ce joli soleil rose vif qui s’estompe au fil des minutes. A 6 h 30 le soleil est déjà haut en lisière des arbres. J’ai pris mon petit déjeuner dans mon camper, puis j’ai rejoins la ferme, comme tous les matins.
Le travail dans la laiterie débute à 7 h 30. Cette semaine, je fais équipe avec Timmy, qui a 11 ans. Rarement vu un garçon aussi, intelligent, attentionné, modeste, en phase avec le bonheur simple de la vie à la campagne. Il ne râle jamais, il accepte toutes les missions de la ferme sans broncher et sait s’extasier devant une part de pizza, et jouer comme un fou avec ses petits frères et soeurs. Il a une prononciation française parfaite, sa mémoire est en revanche un peu plus défaillante ! Il est connu dans la famille pour ces gravures sur bois, qui sont vendues dans la boutique.
Nous avons donc pour mission chaque jour (deux fois par jour) de nourrir les petits veaux qui ont entre 1 et 3 mois. Ces veaux, seront ensuite transférés dans un champ, jusqu’à leur âge adulte, ils seront ensuite, découpés en morceaux pour faire de bons steaks.
Pour information, l’équarrissage s’effectue dans un laboratoire spécialisé à 3 h de la ferme et cela coute environ 500 dollars par animal. Le labo prépare la découpe et conditionne tous les morceaux souhaités sous vide et les congèlent. Les fermiers reviennent 2 semaines après, pour récupérer leur marchandise.
Donc nous avons nourri les veaux, il y en a toujours un qui est récalcitrant, il faut lui courir après et lui mettre le gros pis en plastique dans la bouche pour qu’il mange. Après 2 grands sauts de lait, on leur donne la même quantité d’eau.
Après quoi nous sommes passés aux poules et nous avions la mission de déplacer la maison des poules ! Genre la maison de Rita et Rosa, mais en trois fois plus gros. Tirée par un tracteur qui bien sûr, n’a pas voulu démarrer du premier coup, nous (enfin Timmy surtout) sommes allés chercher le gros truck- pick up de son grand frère pour recharger la batterie. Timmy debout sur le l’accélérateur au volant de ce gros véhicule, c’était à mourir de rire (ce que je n’ai pas fait bien sûr) il m’a expliqué que cela faisait un an qu’il conduisait ! La prochaine fois que je vois un gamin de 11 ans qui se plaint de ne pas savoir conduire une auto-tamponneuse, je vais lui expliquer la vie.
Nous avons donc traversé tous les champs gorgés d’eau, enlever toutes les clôtures électriques pour passer. Arrivés à bon port, nous avons déplacé la maison de quelques mètres, elle sentait fort mauvais, il faut le dire. La fiante de 300 poules c’est pas jojo, la chaleur en plus ! Les déchets verts un peu pourris en plus, ça fait du bon verre bien gras qui se tortille dans la boue…
Le gros chien des pyrénées qui surveille le poulailler des prédateurs (aigles, renards, foins…) était content de nous voir et d’emporter son butin du jour, une grosse carcasse de poulet. Nous avons réinstallé toutes les clôtures, rempli toutes les gamelles d’eau, puis nous avons repris notre bonhomme de chemin.
A aucun moment Timmy n’a accéléré pour faire le malin, ou essayé d’en imposer, il est resté stoïque au volant de son truck, comme si tout ça était normal. Quand il aura 16 ans, (âge ou l’on peut conduire en Virginie) il achètera une voiture en fonction de son budget, une voiture qui servira après pour son activité de fermier, donc plutôt un truck si possible.
Après cette petite mise en jambe, Jacques m’a demandé si cela m’intéresserait d’aller déplacer les vaches dans une nouvelle prairie plus verte. Comment refuser une telle proposition ? Nous sommes partis à trois, avec l’aîné des enfants ! Toujours dans le gros truck, nous avons écouté plusieurs feuilletons radiophoniques sur la guerre entre anglais et américains, cela fait partie des cours d’histoire.
Au fur et à mesure que nous avancions, la pluie s’intensifiait, les maisons devenaient de plus en plus petites et grises, les voitures plus flashies et l’ambiance de plus en plus désolée. Une heure de route dans cette grisaille déprimante et tout à coup, le ranch est apparu. De grandes clairières avec de belles clôtures en bois, des étangs avec des nénuphars géants, de vieux chênes centenaires, et au milieu de tout cela de magnifiques chevaux. Sous le porche de la maison mère, j’ai vu pour la première fois une des plus belle merveille animale qui soit, de petits oiseaux cousins des martins pêcheurs que j’aime tant. Des abreuvoirs étaient installés pour eux. Ils virevoltaient en un temps record dans une frénésie joyeuse. Plus tard, je veux être réincarnée dans un des ces oiseau si élégant.
Passé cet épisode soft, la pluie a repris de plus belle, en moins de 5 minutes nous étions trempés jusqu’aux os. Les bottes que j’avais emprunté étaient bien trop grandes pour moi et faisaient floc, floc… j’étais la plus vernie des trois car j’avais un ciré jaune, les autres, bien trop confiants étaient partis en chemisette. Pour nous rendre dans le champ des vaches, on nous a donné une petite voiturette de golf, mais puissante 6, avec un moteur qui devait au moins être un V8…
L’ainé à pris le volant et a roulé à toute vitesse dans les herbes hautes. Nous avons du dessiner une parcelle avec des pics et des bandes électriques. Un enfer ! De l’eau jusqu’au genou, des broussailles aussi coupantes que des dents de requin. Des orties géants et des joncs… Mon pantalon a été réduit en charpille. La parcelle était énorme. Puis, nous sommes remontés sur la colline chercher les vaches. En sifflant, en tapant dans les mains, nous les avons amené jusqu’au dit champ. Un bon petit sprint en descente, idem dans la montée. La pluie s’est un peu arrêtée.
Nous avons fait une courte pause dans les mûriers et moi qui n’aime pas ça d’habitude, je m’en suis empiffrée, juste parce que le moment était magique et que je trouvais que c’était trop chouette de manger aux côtés de Timmy dans ce lieu improbable sous cette pluie battante.
La veille, Jacques avait dit lors d’un moment de prière que manger les fruits de saison c’était la meilleure des choses. Que lorsqu’un fruit était là, il fallait en manger déraisonnablement, car cela purifie le corps. Je crois que ça a marché. Mon esprit et mon corps se sont sentis bien mieux après cela.
De retour à la ferme, après une belle pizza avalée en route, il faisait 35 degrés et nous avons repris notre tournée sous le cagnard : veau, poules, oeufs à nettoyer et à ranger dans les boites, plus un peu de cuisine au passage. Je suis rentrée chez moi à 20h et je n’avais qu’une envie DORMIR !!!!




et bien quelle journée…..tu vas nous revenir en charpie si cela continu…….bon courage pour le reste et pleins de bisous de nous !!!!!
Miss Paramount, merci pour ces photos, on dirait du cinémascope; merci pour ces extraits de vie en Virginie, si plein de Vie ! Je ne sais pas où je vais trouver un fermier de lait A2A2, mais on a déjà les poules à la maison Cookie et Mouffie ! Je t’embrasse Ségolène
Eh bé ! Quel feuilleton passionnant … je n’en perds pas une miette , tu nous fais rêver , on est avec toi dans cette ferme … mais dans nos pantoufles avec tout notre confort ! En tout cas , bravo pour cette magnifique expérience ! Gros bisous . Marie-no et Eric
Ah , en regardant à nouveau les photos , je trouve que la mère de “café au lait” est vraiment maigre ! Elles sont toutes comme ça ? re-bisous . re- marie-no
coucou ! merci pour tes encouragements, non il y en a des bien plus grassouillettes, ce sont des jerseys (et surtout elles produisent un lait excellent A2A2 milk riche en protéine : beta caséine et très digeste, regarde sur le net). Plein de bisous. Mais j’ai souvenir que vous portez plutôt des bottes de cowboys que des pantoufles !
salut miss ta mére m’a donné ton bolg
super ton récit
profites bien de ton aventure
aline